Une police d’écriture sur mesure pour Sir Quentin Blake.
Monotype a travaillé avec le célèbre illustrateur Sir Quentin Blake et son équipe pour recréer son écriture sous la forme d’une police de caractères sur mesure.
Le contexte
S’il y a un mot qui vient à l’esprit quand on pense à l’œuvre de Sir Quentin Blake, c’est la joie. Étant l’un des illustrateurs les plus éminents et les plus appréciés au monde, son art – qu’il se retrouve dans ses célèbres collaborations avec Roald Dahl, dans sa propre collections de livres primés ou dans des salles d’exposition – a permis à des centaines de personnages de bondir depuis la page jusqu’au cœur des enfants (et des grands enfants) du monde entier.
Son style ludique est particulièrement évident dans son écriture. Avec ses formes distinctives et son placement irrégulier, elle est indéniablement sienne et est souvent tout aussi demandée que ses illustrations, que ce soit pour la couverture d’un livre, d’une publication ou d’un autre support commercial. En outre, il soutient depuis longtemps de nombreuses organisations et projets caritatifs, et on lui demande régulièrement d’écrire des noms ou des phrases à afficher en signe de son soutien. Sans surprise, c’est un homme très occupé.
Toshi Omagari. Senior Type Designer, Monotype.
Une police de caractère dans le style de son écriture avait été créée pour être utilisée dans l’édition il y a quelques années, mais, au fil du temps, ses limites étaient devenues plus visibles. Blake et son équipe se sont tournés vers Monotype pour créer une nouvelle police de caractères qui pourrait contribuer à alléger le poids de la demande sur son temps et répondre à une plus grande variété de besoins.
Le défi
Jetez un œil à votre écriture et vous serez en mesure de repérer les détails qui la rendent unique, que ce soit l’arc d’un neuf, une barre sur un t ou une boucle sur un g. Pour que cette nouvelle police soit un succès, elle devait imiter les propres idiosyncrasies de Blake : la hauteur réduite et variable des minuscules, l’épaisseur imprévisible des traits, les traverses et les queues exagérées. Elle devait également être flexible, reprendre le même rythme et l’espacement utilisé lors de la création d’une lettre à la main. Enfin, elle devait répondre à une demande de langues internationales pour aider à relever les défis les plus chronophages : « Les demandes de langues différentes peuvent être assez difficiles s’il ne les connaît pas », explique Liz Williams, l’archiviste de Blake. « Il doit examiner attentivement chaque lettre pour s’assurer qu’elle est correcte et cela peut nuire au flux naturel. »
Le brief était simple, bien que difficile : créer une police qui reflète la forme unique de l’écriture de Blake d’une manière authentique et naturelle. Pas seulement la forme des lettres, mais la façon dont il choisit de les placer.
La police d’écriture originale de Quentin et la nouvelle version de Monotype.
La solution
À partir d’écritures originales à l’encre de Blake, Toshi Omagari, designer typographique chez Monotype, a commencé à sélectionner et à redessiner des lettres, des chiffres et des symboles individuels, mais il est vite apparu que cette technique faisait perdre une partie du flux de l’écriture originale. Toshi est retourné voir Blake pour obtenir d’autres échantillons, cette fois écrits en phrases et en pangrammes.
Il a ensuite sélectionné pour chaque caractère quatre alternatives subtilement différentes qui, combinées, donnent au texte un rendu suffisamment aléatoire pour paraître authentique, tout en gardant un jeu de glyphes facile à gérer. L’important était de trouver l’équilibre entre variété et régularité : «Sans variantes, les polices manuscrites courent le risque de paraître peu naturelles, alors qu’avec trop de variantes, elles peuvent devenir ingérables, explique Toshi. L’écriture de Quentin est tout sauf régulière, mais elle n’est pas totalement aléatoire non plus. Il y a quelque chose qui nous permet de dire que c’est la sienne – tout comme aucun nuage n’est identique à un autre et n’a de forme définie, mais quand vous en voyez un dans le ciel, vous pouvez toujours dire que c’est un nuage.”
Des exemples d’écriture du nom de Quentin Blake ont été générés de diverses manières, en utilisant des alternatives subtilement différentes.
Chacun des caractères alternatifs a été choisi sur la base de sa taille, de sa ressemblance et de sa clarté : ni trop grand ni trop petit, ni trop similaire, l’encre pas trop maculée. Au besoin, des glyphes supplémentaires pour les caractères qui ne pouvaient pas être capturés de manière cohérente, principalement des lettres non anglaises et des symboles peu courants, ont été dessinés dans le style de Blake. L’apparence générale devait être naturelle : « Je ne voulais pas que quelque chose ait l’air trop unique, surtout pour les voyelles qui apparaissent plus fréquemment, parce que les gens remarqueraient celles qui ressortent, sont répétées, et se rendraient compte qu’il s’agit d’une police, ajoute Toshi. Il fallait une apparence aléatoire et qui cache le fait que ce n’est pas son écriture réelle. »
Ce même principe s’applique pour le crénage, Toshi prenant soin de ne pas trop régulariser l’espacement afin de conserver les irrégularités caractéristiques de l’écriture. Ce n’était pas une mince affaire : avec quatre séries de variantes, cela signifiait que chaque glyphe était d’abord crénelé par rapport aux autres dans sa propre série, puis par rapport aux glyphes des autres séries (au total, le crénage a été testé dans près de 25 permutations). Toutes les ligatures qui figuraient dans l’écriture de Blake ont également été soigneusement équilibrées. Les lettres comme le t, aux traverses traînantes et allongées, étaient plus difficiles à placer. Elles ont donc été un peu plus ajustées pour s’assurer qu’elles touchaient bien les caractères voisins.
La police finale ne se contente pas de ressembler à l’écriture de Sir Quentin Blake, elle agit comme telle. Lorsque vous tapez une lettre, chacune des quatre variantes apparaît dans un ordre qui évite la répétition de la même forme, ce qui la rend aléatoire. Pour l’impression, un filtre de rugosité a été appliqué pour donner une finition manuscrite authentique, tandis que la version Web a un contour plus net et un jeu de caractères plus petit pour obtenir une taille de fichier réduite. L’ajout de caractères diacritiques pour couvrir les alphabets latins signifie qu’elle est prête à relever des défis plus vastes.
Son équipe espère que la police de caractères répondra à tous les besoins et à toutes les idées qui se présentent maintenant et à l’avenir. Elle a déjà été utilisée dans une application appelée Twit or Miss, dans l’émission de télévision Britain’s Favourite Children’s Books, et bientôt sur une série de nouveaux mugs et sur le site Web de Quentin Blake. À long terme, ils sont optimistes quant à son utilisation à l’écran et autres mises en situation, ainsi que pour les titres d’exposition, les légendes et les graphiques. C’est un élément essentiel pour que son écriture continue à être appréciée dans les années à venir.
Pour l’instant, cela apporte à Blake une plus grande flexibilité et, surtout, une police dont il est satisfait. Comme il l’explique : « J’ai été impressionné par la façon dont Monotype a interprété mon écriture sous diverses formes, de sorte qu’elle possède des caractéristiques distinctives tout en étant éminemment utilisable dans un grand nombre de situations. »
Pour obtenir une licence pour la police sur mesure Quentin Blake, il suffit de contacter Olivia Maidment chez United Agents. Pour toute demande de police personnalisée, merci de contacter directement l’équipe de Monotype.